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MINCIR À TOUT PRIX ?




À chaque printemps, la même litanie se répète : il nous faut, pour mincir, tenter l’infaillible régime en vogue. Force est de constater que nos espoirs fondent plus rapidement que nos insoutenables kilos en trop. La tyrannie de la minceur nous impose ses lois et ses diktats.

Dans notre société du paraître, un corps idéalement svelte incarne une victoire sur soi et confère puissance et pouvoir : maîtriser son corps, c’est faire preuve d’une maîtrise de sa vie… L’image et l’apparence revêtent une telle importance que nous les confondons souvent avec notre identité.

Victimes de cette pression sociale qui nous condamne à mincir sous peine d’exclusion, nous empruntons nous aussi le chemin de la diète. Pour perdre du poids, nous contrôlons en permanence notre alimentation, fuyant les plaisirs de la table que nous considérons comme le lieu de tous les dangers, car la restriction, nous a-t-on répété, est le parcours obligé pour maigrir.

Ainsi, avons-nous testé et suivi tous les régimes, des plus contraignants aux plus contradictoires, connu l’espoir suscité par la dernière méthode vantant la fonte de kilos par semaine, et la brève satisfaction de perdre quelques centimètres. Mais à nouveau confrontés au manque, nous avons dérapé, puis tout recommencé, vécu des lendemains qui déchantent avec, en prime, découragement et déprime face aux bourrelets si vite récupérés.

Pourquoi pareil scénario se renouvelle-t-il inlassablement ? Pourquoi finissons-nous toujours par recouvrer nos kilos à peine écartés ? En réalité, les raisons qui nous incitent à manger sont, la plupart du temps, sans rapport avec nos besoins réels. En effet, dans la pulsion qui nous pousse vers un aliment, il y a des messages venant du corps mais aussi de notre mental.

Nos envies de nous nourrir, impérieuses ou anarchiques, s’imposent davantage les jours de stress, de déprime, de fatigue ou de colère. Nous accumulons des tensions à l’intérieur de notre corps et manger est le remède que nous utilisons pour nous procurer un chimérique bien-être et soigner nos bleus à l’âme. En réalité, nous répondons à un besoin, en tentant d’en satisfaire un autre.

Que demandons-nous à la nourriture que nous ne pouvons obtenir par ailleurs ? Pourquoi ce refuge ?

Nos rapports à la nourriture reflètent souvent nos difficultés à vivre. La plupart des récits de patients subissant de grandes variations pondérables coïncident avec des événements générant d’importantes pressions émotionnelles. Manger est un moyen d’apaiser les tensions, de se faire du bien, pensons-nous, de réparer un besoin, bien éloigné de la faim réelle. Nous recherchons, à travers l’aliment, la douceur qui nous manque au quotidien.

Pour mincir, il nous faut analyser calmement nos comportements et repérer l’origine du problème qui se cache quelquefois derrière la prise de nourriture et nos fluctuations pondérales.
Bonheur doit-il absolument rimer avec minceur ?

La minceur semble être une réponse à une myriade d’incertitudes relatives à notre vie et à notre identité. Souvent le miroir nous renvoie un regard bien singulier, se révélant la plupart du temps un impitoyable censeur qui ne serait que le reflet d’un trouble identitaire aux racines plus profondes.

À tant rechercher la perfection, nous finissons par être déconnectés de nos sensations et de notre corps, nous devenons de plus en plus étrangers à nous-mêmes. Acceptons de regarder la réalité en face. Elle est moins miraculeuse que les régimes, moins douloureuse aussi. Mincir passe par une nouvelle relation à soi, une nouvelle prise de conscience de soi.

Pour nous sentir mieux dans notre peau, mieux dans notre vie, il nous faut tenir compte de nos besoins réels et de nos désirs profonds. Notre corps exprime certaines exigences. En être conscients, les entendre et y répondre sur les plans physique, psychique et émotionnel améliore notre qualité de vie et notre relation à nous-mêmes : c’est le début de la connaissance de soi.

Apprenons à nous aimer avec nos failles et nos défauts. Le passé est ce qu’il est, nous ne pouvons pas réécrire notre histoire, mais nous avons la possibilité de modifier le regard que nous portons sur ce passé et sur nous-mêmes.

Il faut du temps pour mettre de l’ordre dans ses pensées, ses émotions, pour les laisser s’exprimer et établir des liens avec d’autres expériences de vie. Tout un apprentissagepour faire le deuil de certaines illusions, se reconstruire, se redéfinir, apprendre à négocier entre les désirs et la réalité, repérer de nouvelles solutions et restaurer l’image et l’estime de soi !

Une nouvelle perception des choses et des événements nous amènera à évoluer, car la vérité s’imposera comme une évidence : être présent à la vie, en jouir avec tous nos sens nous confère un profond rayonnement, bien au-delà de l’apparence. C’est en acceptant de dire non aux standards de la mode, c’est en nous jugeant avec plus de bienveillance et en nous respectant que nous changerons l’image que nous avons de nous-mêmes.

Et si nous inventions un nouvel art de vivre dans lequel, libérés du poids des influences sociales, nous serions plus attentifs à nos réels désirs et, à travers une sagesse nouvellement acquise, nous établirions un rapport plus intime avec notre corps et sesbesoins ?

C’est en en osant dire oui aux saveurs de la vie, en tissant de nouveaux liens avec la nourriture que nous que nous pourrons éradiquer durablement ces oscillations permanentes et parvenir enfin à plus de sagesse pour entrer en amitié avec soi.

 


* Par Michèle Freud, psychothérapeute, directrice de Michèle Freud Fomtions
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