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Michèle FREUD

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ENFIN, JE M'OCCUPE DE MOI !*

Nous sommes tous les mêmes ! Ultra-motivés lorsqu’il s’agit de prendre de bonnes résolutions et bien plus circonspects lorsqu’il s’agit de les appliquer. Combien d’inscriptions au Club de gym, d’après-midi à la piscine consciencieusement programmés pour être au dernier moment annulés ? Pourquoi avons-nous tant de mal à nous faire plaisir ? Tant de difficultés à prendre du temps pour aller vers ce qui nous plaît ? Et les choses semblent encore plus compliquées lorsqu’il s’agit de se faire du bien. Tout simplement. Faire la sieste, prendre un bain (long et voluptueux, et non par simple mesure d’hygiène), s’offrir un rendez-vous dans un institut de beauté, se remettre à la danse… Nous en rêvons, c’est certain. Hélas, le passage du doux fantasme à la réalité s’avère quasi-impossible à réaliser.

« Penser à moi, d’accord, mais après tout le reste… » . Une fois que la maison sera en ordre, les courses faites, mes dossiers bouclés, les enfants lavés, peignés, habillés de la tête aux pieds, le chéri satisfait, les amis invités, les factures payées, bref, autant dire jamais… Si les hommes ont parfois un léger avantage dans ce domaine – ils culpabilisent moins lorsqu’il s’agit de penser à eux –, ils transforment rarement l’essai car leur rapport à leur propre corps est parfois moins intime, moins attentif. Même s’il est vrai qu’à tous les niveaux les choses sont indéniablement en train de changer.

Mais voilà, la vie s’emballe, la vie cavale. Et l’on a l’impression, la désagréable sensation, d’ « aller plus vite que ses skis »… Tel le hamster dans sa roue, ou le sprinter sur le stade, nous faisons beaucoup d’efforts. Nous donnons autant que nous pouvons le meilleur de nous-mêmes. Nous nous fatiguons, nous nous épuisons. Mais allons-nous vraiment où nous avons envie d’aller ? Vivons-nous vraiment la vie que nous avons envie de mener ? Ne tournons-nous finalement pas en rond ? A force de courir dans tous les sens, de jouer à saute-mouton avec les fuseaux horaires, de faire mille choses à la fois (et d’en être fiers), nous finissons par en oublier l’essentiel. S’arrêter un instant, respirer, mettre son esprit en vacances, retrouver le sens de soi et le sens de tout ça. Se pelotonner en boule, faire fi du monde et ses défis, de cette frénésie, oser, oui, c’est ça, oser enfin se faire du bien.

Ne pas attendre les coups de semonce du destin, les retours de bâton du corps qui, un matin, refusera d’aller plus loin. Telle Nathalie, cette amie, qui s’est retrouvée complètement bloquée alors qu’elle était en train d’arrêter son réveil. Justement avant une journée où les rendez-vous ne devaient pas cesser de se succéder. Nous remettons si souvent nos désirs au lendemain. Et d’ajournement en ajournement, nous nous retrouvons épuisés, au bout du rouleau, et surtout, le pire selon moi, sans plaisir à vivre, à faire les en pilote automatique. La joie n’est plus là.

Cultiver le bien-être n’est finalement qu’une façon de vivre en bonne intelligence avec soi qui nécessite de faire une pause pour écouter ce que l’on ressent. L’idéal étant d’y penser quotidiennement. Le faisons-nous ? Si rarement.

Il est des livres comme autant de jolis cailloux jalonnant le chemin de la vie. Une respiration, une bouffée d’air. Celui-ci en fait partie, indispensable pierre sur le gué : Pas forcément médiatique, pas ignorée non plus, Christiane Singer a son public. Dans « Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? » (Albin Michel, 2001), elle nous pose justement la question qui fâche : pourquoi une telle frénésie ? Que cherchons-nous ? Et surtout, que fuyons-nous ? De défi en défi, de quête en quête aussi, elle nous met en demeure de nous retrouver et de savourer, comme elle dit, « l’incandescence de la présence ».

Pas de doute, il y en a qui y arrivent mieux que d’autres, à faire confiance, à se lâcher, à s’arrêter, à déguster le doux et l’amer de chaque instant. C’est souvent le cas des enfants comme si, dès le plus jeune âge, nos mauvaises habitudes commençaient à déteindre sur la coloration de leurs vies. Et de certains maîtres aussi. Parfois c’est inné. Le plus souvent, c’est au travers des épreuves qu’ils ont acquis cette sagesse-là. S’écouter, penser à soi, s’arrêter lorsqu’il est encore temps, se faire du bien, savoir dire non et profiter surtout… Déguster chaque jour, chaque seconde avec gourmandise et reconnaissance. Un vrai bonheur de les voir vivre. Pour autant, je ne crois pas qu’il existe un chromosome de cette félicité. Je pense, que dis-je, je suis persuadée qu’une telle pratique s’acquiert, se travaille – comme un muscle - et finit par devenir aussi naturelle que respirer. C’est à cette promenade que j’ai envie de vous convier. Sur un beau chemin où il sera question de joie, de paix, d’attention, de réconciliation, du temps que l’on s’offre et des moyens pour y parvenir. Un chemin d’amour sans aucun doute, de cet amour primordial que l’on a tendance à dénigrer ou à négliger, l’amour de soi.

*Par Odile Chabrillac
Journaliste et auteur de « C'est décidé, je pense à moi », Ed. Plon




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