La sophrologie, une alliée pour les patients atteints de fibromyalgie*


Définition et symptômes

La fibromyalgie touche environ 3% de la population. Elle est caractérisée principalement par un état douloureux musculaire chronique (myalgies diffuses) étendu ou localisé à diverses régions du corps et une asthénie persistante pouvant devenir invalidante. Elle atteint en majorité les femmes...

Les douleurs sont très fréquemment associées à des maux de tête, à une fatigue chronique, à des désordres du sommeil qui n'est plus réparateur, à une fatigabilité musculaire, à une hypersensibilité aux bruits et à la lumière, à des troubles fonctionnels tel que le syndrome du côlon irritable, des troubles de la miction, de thermorégulation.

La douleur finit par devenir délétère et destructrice car elle engage le patient dans tout son ensemble, physique, psychique, émotionnel, social, familial. La chronicité retentit sur sa vie quotidienne avec ses conséquences sur le sommeil, l'appétit, les activités, la fatigue, le stress et l'anxiété aggravant encore plus la souffrance. Autant de signaux qui dégradent fortement la qualité de vie et plongent peu à peu dans le repli voire un profond isolement. Il y a des jours où je ne peux pas sortir tellement j'ai mal, où je mets 2 heures pour me lever ajoute Mme J.

Une dimension psychosomatique ?

Autre caractéristique de la fibromyalgie : un contexte d'anxiété et de dépression où les patients ont longtemps été taxés d'être « psy » car cette pathologie, pourtant non mortelle, demeure toujours mystérieuse sur ses causes et mécanismes et divise notablement le corps médical.
Selon les psychanalystes, la douleur chronique serait même la traduction somatique d'un manque durant l'enfance, d'un défaut de maternage, d'une éducation trop rigide ou d'expériences traumatiques précoces conduisant à une structure du moi dite masochiste(1).

S'ils devaient dresser « un portait psychologique robot » d'un patient fibromyalgique, il pourrait souvent être décrit comme :

  • Une personne « Hyper » : hypersensible, hyperémotive, vivant les choses avec une grande intensité intérieure, parfois incapable de tolérer le moindre changement, le moindre stress, la moindre chose négative ou réflexion maladroite.
  • Une personnalité de Type A(2), à la tension pulsionnelle et nerveuse élevée : donc une personne très active, faisant plusieurs choses en même temps et vite, s'impliquant à fond, toujours en mouvement, se plaçant sous des contraintes importantes, ayant souvent des exigences élevées par rapport à elle-même et aux autres, perfectionniste, intolérante à ce qui est laid, impatiente, excessive (paroles, émotions, gestuelles, workaholic, sport) avec une incapacité à s'écouter, de s'arrêter, de relâcher la pression. Etant donné qu'elle ne respecte pas de phase de récupération, elle est donc souvent irritable, peu adaptable à l'imprévu, fatiguée, vulnérable au moindre stress.
  • Une personne ayant parfois des tendances obsessionnelles, anxieuses, souvent dépendante affective, sujette aux addictions, souvent au service des autres.
  • Au niveau du passé, il est fréquent de trouver chez ces sujets, des traumas affectifs anciens, tels que des deuils, des actes de violence physiques durant l'enfance, des troubles précoces de l'attachement, une nette tendance à vivre dans le manque total de plaisirs.
  • Une dysfonction neurologique des voies de la douleur ?

    La seule thèse psychanalytique ne peut pas faire loi, les dernières recherches en neurosciences et l'imagerie médicale(3) ont permis de « rendre la douleur fibromyalgique visible» et de mettre en évidence des anomalies des flux sanguins au niveau du cerveau.

    En effet, les IRM fonctionnels réalisés sur des patients fibromyalgiques ont montré une réponse anormale aux stimuli du cortex somatosensoriel et du système limbique impliqué dans la dimension émotionnelle de la douleur. Grâce à ces découvertes, les chercheurs en ont conclu que la fibromyalgie apparaîtrait plutôt comme l'expression somatique d'un désordre des voies de régulation centrale de la douleur et du sommeil. Ainsi, en l'absence d'un filtre modulateur, le seuil de perception se retrouve trop bas et la douleur finit par être excessive et devient chronique.

    Ce dérèglement pourrait être déclenché par un traumatisme physique ou psychologique (deuil, accident, séparation) ou un stress prolongé, sur un terrain génétique, neurologique, et psychologique prédisposé.
    Ainsi tous les phénomènes douloureux de la fibromyalgie ne peuvent plus s'expliquer uniquement que par des facteurs psychologiques. Le débat au sein de la communauté scientifique et médicale reste ouvert mais il est vrai que sans nier la fréquence reconnue d'éléments anxiodépressifs dans la fibromyalgie, il reste à savoir s'ils sont une des causes ou une des conséquences du syndrome douloureux, voire une manifestation associée dépendant de mêmes causes.

    Les traitements

    Aucun traitement efficace et définitif propre à la fibromyalgie ne pourra exister tant que les mécanismes exacts de ces dysfonctions complexes n'auront pas été trouvés. En attendant, la thérapeutique est symptomatique, principalement analgésique et comportementale.

    Pour être efficace, l'approche des centre anti-douleurs se veut plusiridisciplinaire et multimodale (médicamenteuse ou non) afin d'apporter un soulagement aux patients et d'améliorer leur qualité de vie. Outre les prescriptions médicamenteuses, il est recommandé de pratiquer une marche quotidienne ou un exercice physique modéré (type Yoga, Pilates), de pratiquer des étirements, des massages, des cures « spéciale fibromyalgie » ou encore d'appliquer de la chaleur. Les thérapies cognitivo-comportementale peuvent également être efficaces pour apprendre à gérer les émotions et les pensées négatives qui amplifient les douleurs, à accepter les conséquences de la pathologie et à modérer son rythme de vie.

    En revanche, comme pour tous les cas de chronicité, il est reconnu qu'un patient informé et proactif se soigne mieux. Le soulagement durable repose donc aussi sur leur motivation et l'apprentissage d'une attitude adaptée et d'un changement de comportement. Il existe des ateliers d'éducation thérapeutique qui permettent aux patients d'avoir une meilleure compréhension de leurs poussées douloureuses, mais aussi d'identifier les facteurs d'amplification et d'adopter à la fois une bonne hygiène de vie et une attitude adaptée.

    La sophrologie, une alliée efficace

    Les techniques de relaxation se révèlent être de véritables armes antalgiques « naturelles » car elles agissent contre le stress, les émotions négatives et donc indirectement sur les douleurs.
    La sophrologie s'inscrit parfaitement dans ce schéma en agissant à la fois sur les symptômes douloureux, mais aussi sur les facteurs d'amplification que sont le stress, l'anxiété, les émotions et les pensées négatives et enfin les comportements inappropriés.

    Elle intervient d'abord et de façon notable et évidente sur la dimension psychocorporelle du patient, dont la perception du corps est souvent détériorée puisque le corps n'est plus que douleur. Elle permet de développer une perception positive du corps par des exercices simples de respiration, de mobilisation, d'étirements, de contractés-relâchés, le but étant de mettre l'accent sur le vécu positif du corps dans l'instant présent et de désactiver les sensations inconfortables.

    La sophrologie a également une identité neurophysiologique puisque la détente combinée du psychisme et des muscles engendre des modifications au niveau du système nerveux autonome en libérant en grande quantité des molécules d'endorphine, de sérotonine et de dopamine. En effet, l'état de conscience sophro-liminal induit une légère vasodilatation et favorise l'échange sanguin, une meilleure irrigation des organes, et l'élimination des déchets(4). Elle rééquilibre la cohérence cardiaque et harmonise les grandes fonctions de l'organisme qui rentre alors dans une phase de repos profond et réparateur.

    Les ondes Alpha liées à l'état de conscience modifiée favorise l'équilibre psychique, diminue les pensées parasites et l'anxiété, libère la mémoire, la concentration, l'analyse et la créativité.
    Enfin, au fil des séances, elle permet une prise de recul sur les émotions, sur les évènements et sur soi-même ainsi qu'une meilleure perception de soi pour faire place à une sensation de sérénité, de confiance et de mieux-être nécessaire pour instaurer progressivement le soulagement.

     

    *N Veyrat,
    Aïtec Développement,
    Cabinet de sophrologie à la Garde

    (1) L'enveloppe souffrance décrite par Didier Anzieu dans le Moi-Peau.
    (2) Comment gérer les personnalités difficiles, François Lelord et Christophe André, Odile Jacob, 2000.
    (3) http://www.webmd.com/fibromyalgia/news/20081103/fibromyalgia-a-real-disease-study-shows
    (4) L'acide lactique mais également la substance P (Pain) qui, en cas de stimulus douloureux persistants, est libérée par les terminaisons des fibres nociceptives, activant excessivement les neurones au niveau au cerveau.

     



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