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Michèle FREUD

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LE STRESS ET SA PHYSIOLOGIE*

Le stress n’est pas le fruit du hasard. L’absence ou la diminution du stress et de la fatigue est l’une des clefs essentielles de l’épanouissement. Le stress : le meilleur et le pire. Maladie, trouble symptôme de la société, il peut être considéré comme l’interaction entre agression et réaction de l’organisme face à cette agression. Le stress est devenu psycho-émotionnel. Si les agressions peuvent être multiples et diverses, corps et cerveau réagissent biologiquement toujours de la même façon. Pour la médecine classique, le stress est en effet constitué de réactions neurophysiologiques et psychiques déclenchées par des événements ressentis comme menaçants. Pour nous, le stress est une réponse naturelle à un stimulus extérieur ou intérieur qui agresse notre cerveau et notre corps.

Pour comprendre comment notre cerveau réagit, il faut savoir que le système endocrinien possède l’originalité propre de ne rien créer dans l’organisme, mais de moduler à l’aide d’hormones, pratiquement toutes les réactions normales de notre organisme. C’est donc un système permettant à l’organisme de s’adapter à toutes les variations qui lui sont imposées aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur. Le stress permanent dont la fatigue est une résultante, éloigne plus ou moins bien le spectre de la dépression. La dépression, qu’elles que soient les formes que peut revêtir cette grave maladie, masque et cache avec soin la fatigue physique et psychique.
Pour ma part, je pense que le stress et la fatigue agissent de la même façon perverse, et que fatigue, stress et angoisse sont des fléaux aboutissant inévitablement à la vraie dépression. La fatigue peut se manifester par la mélancolie, le spleen, l'angoisse, le stress, l'anxiété, ce sont les cinq doigts d'une main.
Le surmenage, l'insomnie, les chocs émotionnels, les traumatismes, les idées noires, qui provoquent des dérèglements de l'humeur, font partie de l'autre main.
La fatigue n'est qu'un simple maillon de la chaîne qui deviendra, plus tard, si elle n'est pas stoppée, un état ou un syndrome dépressif.
C’est Henri LABORIT - médecin, chirurgien, biologiste, inventeur des neuroleptiques et Professeur de neurophysiologie du système nerveux à l’hôpital Boucicaut à Paris qui a proposé le modèle le plus complet du stress, dont les données sont source de références encore en 2006. Mais le mot stress a été vulgarisé par les travaux de SELYE qui décrivent les réactions de l’individu face aux agressions de l’environnement. Le Pr LABORIT distingue deux types de stress : un premier purement physiologique et un second psychosocial.

1- Le stress physiologique

Le stress purement physiologique qu’il nomme « choc » est un état d’alarme de l’organisme face à une agression physique de l’environnement. C’est une réaction physiologique aspécifique qui est toujours la même quelle que soit l’agression (le stresseur) ; c’est cette réaction qui a été décrite remarquablement par SELYE. L’agresseur peut être un agent infectieux, un choc physique (traumatisme crânien lors d’un AVP, ou un bruit insupportable lors d’une explosion…). La réaction physiologique sera toujours la même, c’est pourquoi elle est dite aspécifique. Il y a une perturbation de l’équilibre du milieu intérieur, une perturbation de l’homéostasie liée à l’irruption de l’agent stresseur. Alors se met en route rapidement la réaction d’alarme. Cette réaction met en route deux systèmes neuroendocriniens.

a) - Le système réagissant en premier dans les toutes premières secondes est le système adrénosympathique.
Système nerveux périphérique particulier, il contrôle le fonctionnement des organes internes comme le cœur les vaisseaux, les poumons, le système digestif, l’appareil urogénital. Ce système adrénosympahique est constitué d’une part par la chaîne des ganglions du système sympathique.
Ce sont des satellites des différents organes qui, par circuit nerveux, envoient dans ces organes des catécholamines (adrénaline et noradrénaline) pour modifier leur fonctionnement : c’est la réponse nerveuse. D’autre part, par la médullosurrénale qui sécrète des catécholamines et les envoie par voie sanguine aux différents organes : c’est la réponse humorale.
A ce système nerveux périphérique est couplé un centre nerveux spécifique au sein du SNC, le locus coreleus qui sécrète essentiellement de la noradrénaline dans la phase d’alarme d’un stress.
La sécrétion des catécholamines et la stimulation qu’elles engendrent au sein des organes comme au sein des centres nerveux provoquent les réactions suivantes :
- vasoconstriction des vaisseaux périphériques pour réserver le flux sanguin aux organes principaux (cœur, poumons, et cerveau.)
- augmentation de la tension artérielle et accélération du cœur
- accélération de l’oxygène des organes et des muscles
- vascularisation préférentielle des muscles
Au sein du système nerveux central se manifestent deux phénomènes physiologiques fondamentaux : concentration de l’attention et augmentation de la vigilance. Ces phénomènes physiologiques permettent la fuite ou la lutte. Les Catécholamines induisent également un état d’anxiété pouvant aller jusqu’à l’angoisse, état faisant intervenir le système limbique qui gouverne l’affectivité. Cet état d’anxiété ou d’angoisse sera d’autant plus élevé si le sujet ne peut passer à l’action, s’il y a inhibition de l’action. Il s’agit alors d’une « inhibition en tension ». Cette expression propre décrit une situation clinique que nous rencontrons tous les jours comme praticien : Des patients inhibés dans l’action et hypertendus dans leur corps. La sophrologie induisant un état de relaxation diminue alors l’activité du système adrénosympathique et les décharges de catécholamines. C’est pourquoi nos techniques de sophrologie agissent sur la fréquence cardiaque, la tension artérielle et la fréquence respiratoire, et diminuent ainsi l’anxiété, l’angoisse et le stress
b) - Le système qui réagit en second dans les premières minutes est le système neuroendocrinien. C’est un système à trois étages avec des boucles de rétroaction entre les étages. La glande endocrine est la corticosurrénale (au-dessus du rein) ; elle sécrète le cortisol. Ce dernier joue un rôle majeur dans l’homéostasie du milieu intérieur en maintenant le taux de sel, le volume plasmatique et par conséquent la tension artérielle. Le cortisol permet également le maintien de l’activité musculaire et intellectuelle (l’hypocorticisme se traduit par une grande asthénie). La sécrétion de cortisol est contrôlée par l’ACTH produit par l’hypophyse antérieure. L’hypophyse constitue ainsi le second étage de ce système complexe
L’ACTH a bien évidemment une action sur l’homéostasie du milieu intérieur en favorisant la sécrétion de cortisol, mais l’ACTH a aussi une action sur le SNC en facilitant la réponse locomotrice.
Selon les scientifiques, il existe au sein du SNC un système activateur de l’activité (SAA) et un système inhibiteur de l’action (SIA). Mais ces deux systèmes ne fonctionnent pas sur le même mode. La réaction de fuite et de lutte portée par le SAA (qui se trouve dans la substance grise centrale) est une réponse non conditionnée.
En d’autres termes la réaction de fuite ou de lutte est une réponse instinctive et réflexe non appris. Par contre l’inhibition de l’action est une réponse conditionnée, c’est à dire supposant un apprentissage.
La démonstration de LABORIT est ici fondamentale. Le rat soumis à un stimulus aversif répond d’abord par la fuite ou la lutte (mise en route du SAA). C’est dans un deuxième temps qu’il va choisir le comportement de l’inhibition de l’action (mise en route du SIA).
« Il nous apparaissait que le rat mémorise par apprentissage l’inefficacité de la fuite ou de la lutte pour s’inhiber »
En tant que thérapeutes, c’est la situation de la maladie dépressive que nous retiendrons. Ce qui est intéressant c’est que le cortisol active le système inhibiteur de l’action (SIA).
En effet « l’ACTH en activant le SAA facilite la réponse locomotrice aux agressions mais en retour du fait qu’elle initie la libération de cortisol, elle va secondairement ramener le comportement locomoteur à son niveau primitif par stimulation du SIA ». L’inhibition de l’action intervient dans un deuxième temps, elle se fait en partie sous l’action du cortisol et se traduit par de l’anxiété et de l’angoisse, elle marque le deuxième temps de la réaction de stress qu’avait décrit SELYE.
C’est le temps de la reconstitution de l’homéostasie du milieu intérieur à l’aide du cortisol. SELYE l’avait appelé la phase de résistance.
D’autres chercheurs ont prouvé que le cortisol est augmenté dans la maladie dépressive. Les travaux menés à l’Hôpital SAINTE-ANNE démontré par D.MOUSSAOUI et ceux de Théodore-yves NASSÉ Service de Neuro-Psychiatrie attestent de ce fait, il y a bien longtemps déjà, dans les articles et revues médicales agressologie notamment revue du Professeur laborit.( 1984).
Le troisième étage est constitué par l’hypothalamus qui sécrète le C.R.F. (cortico-releasing-factor) qui contrôle la sécrétion de l’ACTH hypophysaire. Cet étage est celui du cerveau neurovégétatif lui-même coiffé par le système limbique pouvant être considéré comme le cerveau affectif.

2 - Le stress psychosocial

Ce mécanisme est, beaucoup plus complexe. Ce n’est plus une simple réaction physiologique, ni un mécanisme instinctif (un comportement stéréotypé) à une agression extérieure, mais un phénomène interactif. Le stress psychosocial fait intervenir la mémoire, l’apprentissage, donc le cerveau affectif et limbique.
Dans la Nouvelle Grille mais très ancienne il expose les différentes fonctions du cerveau qui interviennent lors du stress psychosocial.
Ces fonctions sont particulièrement intéressantes à comprendre pour nous autres sophrologues, puisque ce sont ces fonctions que nous mettons en route (l’émotion, la mémoire, l’imagination, et l’association d’images) au cours de nos séances de sophrologie. Le cerveau primitif (hypothalamus et tronc cérébral ) assure une homéostasie physiologique. Le cerveau limbique et affectif assure une homéostasie émotionnelle et psychique : l’harmonie des émotions et la sérénité. Cette perspective s’envisage donc comme rupture d’un système homéostatique et, si le système nerveux doit être considéré comme un système assurant avant tout une action motrice sur l’environnement. Il faut aussi considérer que le cerveau est capable de représentations imaginaires fécondes pour défendre l’intégrité du Moi.
L’angoisse peut se résoudre par la fuite, la lutte ou l’agressivité défensive. Elle persistera, au contraire, si le stimulus nociceptif ou frustrant persiste et si le système d’inhibition est mis en jeu.
La peur peut être considérée comme étant à l’origine de la fuite (panique), de la lutte (agressivité défensive), comportements qui peuvent devenir secondairement gratifiants. La gratification et le sentiment de plaisir sont engendrés au sein du cerveau par la sécrétion d’endorphines.

Deux chercheurs, HUGUES et KOSTERLITZ, ont isolé et analysé les substances opiacées du cerveau. Il s’agissait de deux peptides faits chacun de cinq acides aminés. Ils baptisèrent cette substance enképhalines ; le nom donné couramment est endorphines pour signifier leur origine endogène et leur analogie avec la morphine, et c’est ce dernier qui prévalut.

La répartition des récepteurs de cette endorphine au niveau du cerveau est très vaste. On en trouve dans la moelle épinière, le tissu cardiaque, dans les glandes surrénales, le pancréas, les tissus rénaux et lymphatiques. Le cerveau limbique, responsable de la tonalité affective, semble très riche en récepteurs d’endorphines. Il est clair qu’une poussée d’endorphines va agir sur le cerveau et les organes, ainsi que sur l’état mental. Lors d’un combat ou d’une compétition sportive, état de stress intense et prolongé, le sportif blessé ne ressent pas la douleur grâce à la sécrétion d’endorphines. Par contre au repos, après l’effort, la douleur va apparaître. D’où l’idée de faire fabriquer mentalement par les patients cette endorphine pour faire disparaître la fatigue, le stress et la dépression.

Le système limbique est le centre de l’affectivité ou plutôt de la mémoire à long terme. « La mémoire à long terme est nécessaire pour savoir qu’une situation a déjà été éprouvée antérieurement comme agréable ou désagréable. La mémoire à long terme va donc permettre la répétition de l’expérience agréable et la fuite de l’expérience désagréable ». Selon LABORIT, les expériences mémorisées le sont dans deux systèmes distincts et en opposition :
- le faisceau de la récompense et du renforcement : c’est le medial forbrain bundle (MFB)
- le faisceau de la punition : le periventricular system (PVS)

La stimulation physiologique du MFB donne une sensation de plaisir. Lorsqu’il y a coïncidence entre l’intention (la représentation imaginaire) et le résultat de l’action, le MFB est activé. L’intention fait appel à la mémoire des expériences antérieures. En d’autres termes, le MFB est activé quand l’homéostasie émotionnelle et psychique est rétablie. C’est le circuit dit de la récompense. C’est ce circuit qui est mis en route par nos techniques sophrologiques et surtout celles qui font appel aux représentations imaginaires positives et agréables. On pourrait appeler le MFB le circuit de la positivation. Le MFB fonctionne avec certaines catécholamines : la dopamine et la noradrénaline qui sont les neuro hormones stimulant l’action. On peut comprendre que ce circuit de la récompense est celui que l’on met en oeuvre lors des sophro acceptation progressive qui, par exemple, préparent les épreuves sportives. En effet il anticipe la récompense pour faciliter l’action efficace. article( A.Donnars.)

Le PVS au contraire est le système de la punition : il se met en route lors des stimulations aversives et se traduit par un sentiment de frustration. Sur le plan comportemental, cela donne la fuite, la lutte (agressivité défensive) ou inhibition. Le PVS réalise une connexion entre les structures corticales et limbiques. Ce système est cholinergique : la neuro hormone est l’acétylcholine. Ce circuit de la punition aboutit à l’inhibition de l’action qui survient lorsque la punition ne peut plus être évitée par la fuite et la lutte. L’inhibition de l’action suppose la mémorisation d’expériences désagréables où l’action a rencontré des échecs douloureux. La psychologie de victimes de traumatisme s’explique par l’excitation récurrente de leur PVS qui se traduit par l’inhibition de l’action dés qu’elles voient resurgir des images s’associant à leur ancien traumatisme.

Dans le système limbique, les affects (polarité agréable ou désagréable) commandent l’action ou l’inhibition de l’action par l’intermédiaire du MFB et du PVS. Par contre les représentations imaginaires sont traitées par un réseau supplémentaire : le néocortex.

Chez l’humain le cortex cérébral est le lieu où s’élaborent les images et les concepts. Pour LABORIT, le cortex cérébral fabrique des représentations imaginaires à partir des éléments mémorisés ; ainsi les éléments incorporés dans le cerveau, à partir des canaux sensoriels vont pouvoir devenir dans le cortex des représentations imaginaires qui vont permettre au sein du cortex de reconstituer la structure sensible d’un objet (à partir du souvenir que nous avons de sa vision, de son odeur, de son toucher). Mais le cortex associatif peut faire plus : grâce au système associatif des lobes fronto-orbitaires, il peut recombiner les éléments mémorisés d’une façon différente de celle par laquelle ils nous ont été imposés par le milieu extérieur.

Le cerveau est le chef d’orchestre philharmonique le plus puissant au monde, le plus joyeux lumineux et inventif, passant de la mémoire immédiate à la mémoire ancienne avec une rapidité incroyable. Rien ne peut s’effacer dans notre cerveau. Par contre la perte de la mémoire (de certains événements) peut être la cause d’un stress, ou l’anxiété ou malheureusement due à une maladie plus grave.

CONCLUSION

Ces modèles du stress nous ont permis d’exposer le rôle de quelques neurohormones et de comprendre sur quelles fonctions du cerveau elles agissent. Nous pouvons très vite comprendre comment une anxiété banale et légère, donnant une angoisse qui surchauffe le cerveau et notre corps, va mettre en marche la chaîne du stress, et aboutir à la dépression si rien n’est fait. Le stress est un fléau que l’on peut identifier et surtout comprendre aujourd’hui grâce aux nouvelles techniques d’imagerie mentale et surtout grâce aux découvertes sur les hormones du stress. En parallèle, les récentes études menées à l’Hôpital BICHAT et au Centre Européen de Recherche, Développement et Enseignement de la Nutrithérapie (CERDEN)-Campus-Université Libre de Bruxelles sur des compléments alimentaire spécifique ont montré l’intérêt de ces produits dans les traitements des états de choc au stress. Soit seul ou accompagné d’une prise en charge de ces troubles multiples dès leur apparition, l’association d’un traitement avec une prise en charge en psychothérapie une psychothérapie une sophrologie ou tout autre type de thérapie semble pertinente et ne peut qu’améliorer et activer l’état de nos patients.
Nos patients parlent de pluie dans leur tête, belle image pour monter la détresse psychique. La liberté pour eux, c’est l’absence d’angoisse et surtout de ne plus être anxieux ou stressé déprimé, le seul désir est de retrouver simplement les choses simples de la vie de tous les jours.
C’est cette liberté que l’on peut tenter d’apporter à nos patients.

*Par Théodore-Yves Nassé est psychologue clinicien, Pr. en Psychopathologie Clinique Paris
THEODORENASSE@aol.com
www.psychotherapie.fr

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